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Dans "La Provence" du dimanche 2 avril 2000, un article de Patrick Coulomb.

Titre de l'article : "La Marche du Nord" d'un homme du sud

Le journaliste et écrivain marseillais Georges Foveau a choisi le conte pour son troisième livre. (Photo Frédéric Speich)
Avec La Marche du Nord le journaliste, analyste du cinéma et éçrivain Georges Foveau inscrit une corde de plus à son arc. Ce Marseillais s'était fait remarquer jusqu'ici par un ouvrage consacré au mythe de Merlin au cinéma, puis par un autre, dans un registre tout àfait différent, à propos du fromage de chèvre en Provence... Reprenant aujourd'hui sa plume il s'est livré à un troisième type d'exercice, n'ayant à voir ni avec l'éxégèse cinématographique ni avec le panégyrique fromager, mais, tout simplement, avec le récit, le conte, en un mot le roman.
Un exercice toujours difficile, même pour un auteur qui n'en est pas à son premier livre. Mais Foveau a su user de quelque armes qu'il a bien en main pour nous livrer un récit cohérent et suffisamment intriguant pour tenir en haleine son lecteur.

Un enquêteur et des chamanes
Dans un registre proche de l'héroïc-fantasy il met en scène l'Enquêteur Impérial Soze, envoyé en mission dans la Marche du Nord pour déjouer les plans du gouverneur de ladite Marche, Kermadec, que l'Empire soupçonne de mettre à mal les intérêts de ses marchands. Dans un monde forestier dont les croyances chamaniques renvoient tout aussi bien à la Bretagne des druides, à la Provence celte, qu'aux tribus indiennes d'Amérique du nord, Soze va, à travers son enquête, découvrir lui-même la réelle part d'humanité qui est en lui.
Assez proche du Dino Buzzati du Désert des Tartares sous beaucoup d'aspects, très proche par ailleurs des mondes chamaniques de l'héroïc-fantasy, Foveau signe un premier
roman étonnant. "Au départ, raconte Georges Foveau, l'idée du roman m 'est venue en écrivant une nouvelle sur un marronnier en fleurs, c 'était en une vingtaine de pages la découverte de la forêt au printemps par un fonction paire citadin". A partir de cette base, Foveau a tissé sa fable et le fonctionnaire citadin est devenu Enquêteur de "Notre Empire", la simple forêt est devenue la vaste "Marche du Nord", et la promenade s'est muée eu enquête.
Une enquête nourrie à la source du chamanisme, sujet récurrent pour Georges Foveau, puisqu'à travers Merlin c'était déjà cette quête de l'essence fondamentale, cette recherche de l'osmose entre l'homme et la nature, qui animaient ses pages.
"Le chamanisme ressurgit aujourd'hui, paradoxalement dans les villes, commente Georges Foveau, notamment en Amérique du sud ". Dans son roman, il emprunte à toutes les cultures chamaniques, même si "un large fond provient des légendes celtes. Je ne suis pas persuadé, ajoute-t-il, que nous n 'ayons pas eu ici les mêmes légendes, par exemple autour de la forêt de la Sainte-Baume, qui fut brûlée par César parce que c'était une forêt druidique ". Proche en l'esprit des univers celtes de Bretagne, il était logique que Georges Foveau publie son roman chez un éditeur breton, Terre de Brume. C'est chose faite depuis le début du mois. Le roman est actuellement chez tous les bons libraires.

Patrick Coulomb
" la Marche du Nord ", par Georges Foveau, aux éditions Terre de Brume,166 pages, 109 francs.